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25 novembre 2013 1 25 /11 /novembre /2013 06:41

Deux numéros de la Gazette Sportive seront nécessaires à Guy Helmet pour raconter la déjà riche carrière du jeune Roger Cottyn. A seize ans, celui-ci s'affirmait déjà comme une valeur nationale. Il était le plus précoce et peut-être le plus doué de nos représentants des années trente. Pourtant, de santé fragile, il ne réalisera pas la grande carrière que ses débuts laissaient espérer, réalisant ça et là des coups d'éclats qui resteront des éclairs. Il ne dominera pas sa génération comme il l'aurait dû. Il a pourtant laissé le souvenir d'un très grand coureur el l'ami De Ferry lui a consacré un fascicule. Il a sa place, tout naturellement, sur notre blog sous la plume de Guy Helmet.

J'oubliais, à l'époque la piste retenait les meilleurs, les autres faisaient de la route, même si l'absence d'un vrai vélodrome entre la démolition du Jean Bouin et l'inauguration du Stade Vélodrome a un peu changé la donne dans notre région.

FG

Les Belles Histoires

Roger Cottyn

"Révélation" 1941

Jusqu'ici connu du commun des sportifs par ses qualités de pistard, si brillamment confirmées dimanche à Saint Etienne, Roger Cottyn vient, peut-on dire, de jouer aux révélations en s'affirmant cette année un des meilleurs routiers amateurs de la zone libre. Pourtant son histoire nous rappelle qu'au début d'une carrière, longue déjà de dix années, il avait réalisé quelques exploits laissant entrevoir cette classe qui s'épanouit aujourd'hui.

Champion à 16 ans

Né à Marseille le 19 avril 1916, Cottyn, déjà magnifique athlète, n'avait pas encore 16 ans lorsqu'il endossa pour la première fois, en 1932, le maillot rouge et blanc du Cyclo-Club de Marseille au départ du "Dunlop". Une crevaison et une obscure lace de 24° dans cette épreuve constitue pour notre bonhomme une entrée qui ne laisse guère présager l'extraordinaire ascension qu'il réalise en remportant coup sur coup le Grand Prix de La Ciotat, le Grand Prix Iappini, à Marseille, le Prix des Commerçants de Salon, le "Lévy-Valensi", à Marseille, couru entièrement sous la pluie, et, enfin, le Grand Prix de Montreuil où il est allé prendre la mesure de ses possibilités au contact des "purs" parisiens... Cinq succès qui lui vaudront de terminer la saison en 2° catégorie parce que les règlements lui interdisent l'accès de la première.

Pistard

Toutes ces victoires acquises au sprint ont révélé chez le jeune Cottyn une qualité maîtresse : la vitesse, ce don précieux qui lui permettra parallèlement à ses exploits de routier de se composer pour sa première année un palmarès de pistard.

C'est tout d'abord, au vélodrome Jean Bouin, un facile succès dans la "Médaille" marseillaise qui lui vaut de monter disputer la finale au Vél' d'Hiv' à Paris, où il se classe 2° derrière Matton. Avec un autre débutant, Siciliano, nous voyons encore Roger se distinguer en enlevant toutes les américaines régionales et en terminant au premier rang des régionaux dans les épreuves internationales disputées cette année-là sur la piste du boulevard Gustave Ganay. Ce coureur de 16 ans ne craint pas non plus d'aller affronter ses aînés sur les vélodromes du dehors. C'est ainsi qu'avec son complice Jules pour équipier il se classe second dans une grande américaine à Alès, derrière Choury-Fabre, mais devant Hourlier-Comès. Peu après, à Cavaillon, les deux marseillais triomphent encore en américaine, Roger enlevant en outre une course de vitesse devant Siciliano, Bouchard, Balley et Becker. Deuxième ensuite avec Pugliesi à Pertuis, derrière Facciani-Calamel, Cottyn complète sa première année de course par une belle place de 4°, avec Sauvélian, dans une grande américaine à la Piste Municipale de Paris

Avec le bâton

Malheureusement, alors que tous les espoirs lui semblent permis, Cottyn est malade au début de 1933 et de toute la saison nous ne le reverrons plus en compétition.

L'année suivante, ayant courageusement lutté contre le mal, Roger s'aligne au départ du Critérium International de la Ville de Cannes où il fera une rentrée retentissante ens e classant 3° derrière Cornez et Aimar, et précédant des hommes tels que Goujon, Maréchal, Vietto, Troggi Nello, etc... Malheureusement encore la fatalité - en l'occurrence une crise de sciatique qui le contraint à marcher trois mois avec une canne - s'abat à nouveau sur lui et cet exploit demeure sans lendemain.

Au V.C.L.

Nullement découragé par l'adversité et complètement rétabli, Cottyn, qui va avoir 19 ans, aborde la saison 1935 bien décidé à reprendre sa place parmi nos meilleurs espoirs. Pour cela, favorisé par un père 100% sportif, il n'hésite pas à monter faire un stage au Vélo Club de Levallois. De son séjour à la haute école du cyclisme français nous retiendrons ses places de 2° dans le Grand Prix de St Sever; 3° de Paris-Verneuil, derrière Virol et Levert , et devant Paul Maye et Charpentier; 5° de Paris-Amboise et 12° du Circuit du Métro. Sur piste, associé à son camarade de club Le Nizerhy, il termine 2° derrière Lapébie-Le Boulou, et devant Charpentier-Goujon à Marmande, et 4° avec Couderc à la Piste Municipale. Dans la région il est 6° du Grand Prix de Gap et 2° à Jonquières;

Toujours la piste

Davantage attiré par la piste que par la route, Cottyn semble vouloir y consacrer désormais ses efforts. Sous les couleurs de l'A.V.A.M. nous allons le voir réaliser en 1936 maints exploits parmi lesquels sept victoires en américaine au vélodrome des Trois Lucs et deux autres à Cavaillon et à Alès. Champion de vitesse des Bouches du Rhône et finaliste à Paris du Grand Prix Pernod de vitesse, il affirme à nouveau la diversité de ses moyens en gagnat aux Trois Lucs une épreuve derrière motos et en remportant avec son équipe de l'A.V.A.M. le championnat des sociétés.

Sur route, en dehors d'une exhibition malheureuse dans le trop dur Tour de Corse qu'il abandonne au cours de la 7° étape, son activité fut fort restreinte et son palmarès se limite à un facile succès dans le Grand Prix des Fêtes de La Ciotat.

En 1937, le Stade Vélodrome permettra à Cottyn de mettre encore en évidence ses qualités de pistard en triomphant à nouveau dans toutes les spécialités, son plus beau titre de gloire étant sans doute celui officieux de recordman de France à Tandem qu'il s'octroie avec Becker après avoir couru le kilomètre lancé en 1'05" contre 1'08" à dayen-Richard, officiels détenteurs du record. Sur route il gagne à nouveau à La Ciotat. L'année 1938 sera encore remarquable pour Cottyn par ses exploits de pistard. Soit au Stade Vélodrome, où avec Siciliano, ils ne seront battus qu'une fois par Vercellino-Martini, soit à Cavaillon, soit à Hyères, nous ne saurions rappeler la liste de ses succès en américaine. Entre tous cependant citons celui qu'il s'octroie à Cavaillon où, avec Siciliano, il triomphe avec un tour d'avance sur Rossi-Pugliesi, Storme-De Winter et Laurent-Gianello.

Participant avec Martini, Leoni et Deffert à la Coupe de France de L'Auto, omnium dont les éliminatoires se disputent sur les principaux vélodromes, Cottyn mènera son équipe jusqu'en finale à Paris où ils devront s'incliner devant l'A.C.B.B. après avoir successivement triomphé de l'I.S.T.M et du Vélo Club de St Just en séries; de Perpignan en quart de finale et de Vichy en demi-finale.

Parce qu'il est vainqueur, au début de l'année 1939, avec 2 minutes d'avance du championnat de l'A.V.A.M. sur route, on semble devoir attendre de Cottyn la consécration des espoirs de routier qu'il avait jadis affirmés. Mais s'il termine 2° à Salon, 2° à La Ciotat et 3° à Manosque dans des épreuves en circuit bien dans ses moyens, c'est encore la piste qui lui permet de se distinguer. Vainqueur de toutes les américaines qu'il dispute au Stade Vélodrome avec Siciliano, nous le verrons terminer 2° au vélodrome des taillades derrière Grillo-Giliberti puis, après avoir triomphé avec son équipe de l'A.V.A.M. dans la première série de la Coupe de France, enlever une individuelle sur route à Antibes et, enfin, le 20 août, à la veille de la guerre, se partager la victoire avec Aimar dans le Grand Prix d'Alès sur piste où des hommes comme Weiss et Le Nizerhy figuraient parmi ses victimes.

Transformation

Puis voici les jours sombres de la guerre... Cottyn, qu'une blessure au pied avait exempté de service militaire, est un des premiers récupérés. Ayant vécu lui aussi les heures tragiques de la retraite sur la Somme il se retrouve à Marseille au déclin de l'année 1940 prêt à reprendre le cours de ses exploits si l'on en juge par le moral qu'il manifeste en participant sans entraînement au meeting de la Bourse au lendemain de sa libération.

Sa participation aux différentes épreuves organisées ce jour-là sera sans éclat comme un peu plus tard son exhibition dans un meeting d'intersaison au

Parc Borély. Mais la saison 1941, dès son début où il enlève détaché le championnat de l'A.V.A.M., nous révèle un Cottyn littéralement transformé par la rude épreuve qu'il vient de subir. 37 victoires non seulement sur piste, mais aussi sur route dans les compétitions les plus diverses et les plus dures, viendront consacrer cette miraculeuse transformation.

Ne pouvant entre dans les détails pour chacun d'eux bornons-nous à rappeler les 37 succès de cette extraordinaire saison ;

Route : Championnat de l'A.V.A.M.; Grand Prix du faubourg à Aix; Revanche du Championnat de France devant les professionnels au Parc Borély; Grand Prix des Aciéries du Nord; Grand Prix Gustave Ganay; Critérium International de Zurich; Grand Prix de la Ville de Nice et enfin Handicap de l'A.V.A.M.

Olaces d'honneur sur route : 2° Grand Prix de Saint Henri; 2° Souvenir Manival à Salon; 2° Championnat départemental; 3° Grand Prix de Nîmes; 5° Grand Prix des Chartreux; 6° Grand Prix de Berre; 7° de Marseille-Toulon.

Piste : Vélodrome des Taillades (Pâques) : 1° en vitesse, individuelle et américaine avec Chapuis; le lendemain toujours aux Taillades : 1° en vitesse, en poursuite et en américaine. Toulon (arrivée du Critérium de Paris-Soir) : 1° en individuelle. Bône (Pentecôte) : 1° en handicap, poursuite et américaine, toujours avec Chapuis; le lendemain 1° encore en handicap, poursuite et américaine. Cavaillon (1° mai) : 1° en vitesse et en américaine. Stade Vélodrome de Marseille : 1° avec Leoni et Deffert dans l'éliminatoire du Critérium de France de vitesse et 1° avec Rouchet, Leoni et Deffert dans l'éliminatoire du Critérium de poursuite. A Montluçon, le 17 août, 1° avec son équipe de l'A.V.A.M dans la finale du Critérium de France de vitesse, devant l'équipe de Toulouse Cycliste et vainqueur, le même jour, du Grand Prix de Montluçon derrière entraîneurs humains devant le Lyonnais Bidaud et son camarade Chapuis. Vélodrome des Taillades, 6 septembre, 1° en vitesse, individuelle et américaine; le 14 septembre, à Toulon, 1° en vitesse et en américaine avec Vercellino; Alegr, 1° novembre, 1° en vitesse et individuelle; le lendemain, 1° sur le kilomètre, en poursuite et en américaine. 28 décembre, à Saint Etienne, 1° en américaine avec Chapuis.

Parmi cette longue énumération des succès les plus divers, plus qu'à ceux remportés sur piste qui ne sont que la consécration de qualités depuis longtemps connues, nous attacherons de l'importance à ses victoires de routier parce qu'elles sont le témoignage de cette métamorphose de Cottyn dont on disait qu'il ne savait ni souffrir, ni vouloir, ni combattre comme il le fit cette année, par exemple, dans le Grand Prix des Aciéries du Nord, où on le vit réaliser avec Bonnet jean une "échappée fantôme" durant 100 kms, puis, rejoint, gagner encore en un sprint étourdissant, ou bien dans le fameux "Ganay" où en pleine côte, dans le pénible Caunet, il prit lui-même l'initiative de la chasse contre le redoutable Neri, enfin, où encore dans le retentissant Critérium International de Zurich où, en outre de ses dons naturels, il dut faire appel de toute sa volonté pour lutter contre ses adversaires et l'adversité ligués pour lui rendre plus difficile la victoire.

L'avenir

Marié depuis 1936 et père d'une charmante fillette de 4 ans, Cottyn travaille en qualité de planton à l'assistance publique où des dirigeants sportifs lui donnent toutes facilités pour s'entraîner et courir tout en respectant les principes sacro-saints de l'amateurisme. A cet entraînement auquel il se livre sans cesse depuis plus d'un an, Roger aurait bien voulu apporter une trève durant les mois d'hiver mais la tâche qu'il a à accomplir le mois prochain au Vél' d'Hiv' avec ses camarades d'équipe l'oblige à le poursuivre afin de porter très haut, une fois de plus, le prestige du cyclisme marseillais.

"Quant à mon avenir - nous dit Cottyn - il est fonction de la nouvelle réglementation de la F.F.C. et des événements. C'est-à-dire que je n'hésiterais pas à solliciter une licence de stagiaire l'an prochain si ceux-ci étaient autorisés à rencontrer les amateurs, la ligne de démarcation et la faiblesse des effectifs leur rendent sinon l'existence très difficile."

Amateur ou professionnel, soyons persuadé que le brillant poulain de Coupry apportera encore de nombreux motifs de satisfaction à ses amis et admirateurs. Aux premiers jours de l'an nouveau c'est le meilleur des voeux qu'on puisse lui adresser.

Guy Helmet La Gazette Sportive 746 et 747 des 3 et 10 janvier 1942

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