Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
11 juillet 2013 4 11 /07 /juillet /2013 14:43

Belgique 1924

 

En cherchant sur le net la provenance de mes documents, c'est avec plaisir que j'ai pu voir une photo du professeur Pierre Vitalien en pleine forme et en champion de billard 2012. Ce spécialiste des Jeux Olympiques, surtout ceux de 1924, en France à Chamonix et à Paris, a écrit deux beaux livres sur le sujet : "La mémoire des 1ers Jeux Olympiques d'Hiver Chamonix 1924" et "Le Rugby aux Jeux Olympiques". C'est à lui que, lors d'une bourse j'ai acheté quelques pages éparses de La Pédale en bon état dont celle qui est à l'origine de cet article. Quelques années plus tard, je lui ai racheté un lot plus important de ces pages voire de numéros complets, que je n'ai jamais vraiment compilés car elles ont pris l'eau et ont tendance à se déliter comme certains Match l'Intran dès qu'on les touche. A l'époque, Pierre était assez désabusé, car sa cave ou son garage avait été inondé et il soldait du matériel guère utilisable. Même si je n'y ai pas complètement mis le nez dedans, je suis heureux de l'avoir vu souriant sur cette photo.

L'autre source, ce sont Les Sports Illustrés, hebdomadaire sportif belge, achetés en volume du 14 avril 1922 au 18 juin 1929, au regretté collectionneur Marcel Loisel qui nous avait régalé en son temps d'un portrait et palmarès de Georges Hubatz dans CollecCyclisme.

 

Venons-en maintenant au sujet proprement dit le Championnat de Belgique sur route des professionnels 1924. Deux titres et articles dans La Pédale, à gauche "René Vermandel détenteur du maillot tricolore belge", à droite "Comment Sellier a perdu son titre de champion de Belgique" auraient dû plus attirer mon attention. Je les avais certainement lus trop en diagonales. Heureusement j'aime bien relire... et pour mieux comprendre j'ai ouvert Les Sports Illustrés. Cela m'a donné envie d'en parler.

 

En 1924, le Championnat de Belgique, chaque pays cherchait sa formule, se déroulait sur plusieurs épreuves : Tour des Flandres, Tour de Belgique, Grand Prix de l'Escaut, Paris-Bruxelles, Liège-Bastogne-Liège et Grand Prix de Brasschaat. Chaque épreuve attribuait des points de 10 à 1 aux dix premiers, rien que de très logique. Parmi les épreuves classiques de l'époque en Belgique ne manquait que le Championnat des Flandres dont la renommée était pourtant déjà faite.

Je n'ai pas pu savoir si il était prévu de doubler le Grand Prix de Brasschaat, dernière épreuve dès le début ou non. Quoiqu'il en soit, la, formule devait donner 1 Félix Sellier 2 René Vermandel.

 

Mais, comme en France à l'époque, soit les organisateurs, soit la Fédération, faisaient la pluie et le beau temps et un règlement, quand il était simple et compris de tout le monde, était fait pour être changé en cours de route. Pourquoi ?

 

Prévue au printemps, la Doyenne, Liège-Bastogne-Liège n'a pu avoir lieu, faute d'un nombre de combattants suffisants. Et cela ne convenait pas au Comité Sportif de la Ligue Vélocipédique Belge. Mais lisons La Pédale : "Sellier n'est plus champion de Belgique parce que la Ligue Vélocipédique Belge a usé à son désavantage d'un formidable abus de pouvoir.

Elle a modifié, en plein cours d'exécution, un règlement qu'elle avait élaboré au début de la saison. Elle a outrepassé ses droits.

Elle avait décidé qu'un certain nombre d'épreuves compteraient pour le Championnat de Belgique et que le vainqueur de chacune de ces épreuves compterait invariablement dix points.

Or, vint Liège-Bastogne-Liège, la plus vieille des courses classiques belges, et, à l'effet d'assurer à cette course maigrement dotée, malheureusement, une réussite certaine, d'abord elle la rendit obligatoire - ce qui constitue déjà un bel abus de pouvoir - à tous ses routiers de première classe, ensuite elle décida qu'elle compterait double dans le classement du Championnat national.

Vermandel la gagna. Il compta ainsi 20 points au lieu de 10. Il n'en fallut pas plus pour que Sellier, l'homme de l'année pour la Belgique et qui avait déjà ou à peu près la victoire assurée, perdit toute chance pour avoir été battu au sprint, de conserver son glorieux trophée.

Coût pour Sellier : perte du Championnat de Belgique qu'il devait logiquement gagner, perte de 10.000 francs de prime de la maison dont il pilote les machines, moins-value sérieuse sur les engagements avec les vélodromes qu'il aurait pu contracter."

Tout cela n'est pas lettre morte puisque Sellier ne disputera pas le Critérium des As et son juteux contrat qui ira à Vermandel.

Je pense qu'il est intéressant de connaître ce genre de choses. Cela montre, contrairement à ce qui est souvent écrit, que Liège-Bastogne-liège n'a pas attendu 1949 et l'internationalisation pour être l'une des épreuves les plus importantes du calendrier belge.

Ce tour de passe-passe de la Fédération Belge est ignoré aujourd'hui, je me fais un plaisir de le rappeler.

Je tiens à dire que j'ai énormément d'admiration pour René Vermandel, que ce grand sprinter routier-pistard me touche plus que Félix Sellier, mais la vérité reste la vérité

 

Frédéric Girard

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de culturecyclisme.over-blog.com
  • : Il est l'heure de partager
  • Contact

Recherche

Liens